Il y a deux ans et quelques, j’étais en train de regarder le ciel, au bord de l’océan. C’était un jour des plus ordinaires, une ballade que j’avais déjà faite des centaines de fois.
Je trouvais comme à chaque fois le paysage sublime. D’un coup, j’ai eu l’idée que j’aimerais voir la Terre depuis l’espace. Changer radicalement d’échelle et regarder tout ça de très très très haut.
Ça peut paraitre anodin (et ça l’était), mais les voyages dans l’espace, ça m’a jamais fascinée. J’ai été claustrophobe pendant plusieurs années, alors aller se quicher dans un espace minuscule pour se mettre en orbite autour de la planète, non merci. C’était déjà bien assez compliqué de prendre le train ou l’avion, pas besoin de rajouter les voyages galactiques au programme. J’aurais mis ma main à couper que jamais je n’aurais cette envie là.
Et puis, paf. Devant l’océan, le désir de voir la terre de l’espace. Une envie parfaitement contradictoire avec qui j’avais cru être pendant tout ce temps.
En un instant tout a basculé. J’ai réalisé que je n’étais pas qui je croyais. C’était au delà de “ah bah c’est chouette, j’ai bien changé, je suis plus claustro”. Pendant un instant je suis restée suspendue dans le vide.
Une brèche dans l’histoire bien ficelée de Laure.
On croit savoir qui on est parce qu’on croit une histoire qu’on se raconte et qu’on enrichit à longueur de journée : “Je suis une personne qui fait ceci cela, voici ma famille, voici mes amis, voilà ce que je déteste, voilà ce que j’aime” etc etc. Même “Je suis paumée et je ne sais pas qui je suis”, c’est une histoire.
La côte de mailles tricotée bien serré et tellement collée à notre peau qu’on a l’impression que c’est nous. Une protection qu’on porte et qu’on défend avec acharnement. A tel point que le but de beaucoup de vies, c’est ça : démontrer et protéger l’histoire.
Sauf que c’est faux. On n’est pas ça. On n’est pas une collection d’anecdotes, de souvenirs ou d’adjectifs, peu importe à quel point ils semblent réels.
Ce jour là j’ai entendu la question : “Qui je suis ?” pour la première fois. Pas comme un exercice de dév perso pour lister mes valeurs et mes qualités. Comme un appel des profondeurs.
Moi qui ne méditait pas, je me suis mise à aller m’asseoir au bord de l’eau, tous les jours. Le silence m’appelait. Entre deux rendez-vous, en me levant, dès que possible. Aller dans le silence et écouter “Qui je suis”.
Je n’arrivais plus à lire quoi que ce soit d’autre que des livres sur la spiritualité et l’Éveil. J’ai découvert que la question “Qui je suis ?” était un pointeur utilisé depuis très longtemps par des sages pour réaliser ce vide, cet espace au delà de l’histoire.
J’ai eu la trouille.
J’ai continué quand même.
Progressivement j’ai perdu l’intérêt pour accompagner mes clients sur un chemin “extérieur” : quoi que ce soit qui sentait la réussite sociale, professionnelle, managériale ou amoureuse. Quoi que ce soit qui ressemblait à “ma vie serait mieux avec / sans insère le problème pressant du moment”.
C’était flippant. C’est toujours flippant par moments.
Je me suis dit “ouah mais qu’est-ce que tu fais ? Tu pars en couille ma pauvre fille.”
Et le silence continuait de m’appeler plus fort que tout le reste.
La méditation format “je m’assieds en silence devant la mer jusqu’à ne plus sentir mes jambes” a laissé la place à d’autres formes : écouter des podcasts dans la voiture, en marchant, aller à une retraite, proposer des temps de silence dans mes accompagnements, être en conscience en mangeant, en parlant, en écoutant.
En 2 ans, j’ai déménagé, j’ai quitté mon compagnon, je me suis installée dans une nouvelle ville au bord de la mer (qui continue d’être mon amie de méditation préférée). Mon entreprise a tellement ralenti son activité qu’elle est au bord de la cessation de paiement.
Et le silence continue d'appeler plus fort. Et ça continue d’être challengeant et doux en même temps. Irrépressible, en fait.
Je sentais l’élan de partager, d’accompagner sur ce chemin, et en même temps une grande illégitimité.
J’ai lu depuis deux ans beaucoup de témoignages d’Éveil spirituel sur lesquels il est très facile de projeter un monde imaginaire parfait. “Ah, les éveillés ils sont tout le temps zen et dans la joie. Ils disent jamais un mot plus haut que l’autre, ils sont dans l’amour inconditionnel tout le temps” blablabla. “Moi aussi je voudrais être détendue comme Byron Katie et inspirante comme Mooji” *eyeroll*
Je suis tombée dans ce piège aussi. La comparaison, la tension à vouloir contrôler ce qui se passe pour que ça ressemble à une idée qu’on s’est fait du bonheur, de l’amour ou de la vérité.
J’ai arrêté d’écrire et de partager plusieurs mois parce que je ne savais plus quoi dire. Qu’est-ce que j’aurais pu dire alors que je ne comprenais pas vraiment ce qui se passait ? Il y a des gens vachement mieux placés que moi, je ferais mieux de me taire tant que j’ai pas atteint le niveau de présence d’Eckhart Tolle” (t’as vu le piège, il était revenu discrétos). J’ai commencé à faire un job “alimentaire” parce que je voulais une pause dans un cadre qui me sécurise financièrement.
Depuis quelques semaines, je sens à nouveau l’élan de partager, très concrètement et intimement, ce qui m’habite et se vit depuis cette brèche dans mon histoire. Pas depuis un “je suis arrivée, suivez-moi c’est par ici”, mais comme une compagnonne dans ce voyage intérieur.
Je t’invite, si tu sens que ça te parle, à cheminer ensemble et à partager ce chemin vers le Coeur, depuis le Coeur de qui tu es.
J’ai aussi envie de me mettre à disposition pour écouter et accompagner à partir de ce silence vivant qui est toujours là, derrière chaque chose, chaque expérience, chaque instant. Utiliser mes compétences d’accompagnement pour faire ce chemin ensemble, avec celles et ceux qui se sentent concernés et qui ont envie de plonger. J’en dirai plus dans de prochains posts.
Merci de m’avoir lue jusqu’ici, et si tu te sens l’élan de répondre en commentaire ou par mail, je serais ravie d’échanger avec toi.
Partante pour cette nouvelle exploration ;-)
Déjà trop cool de te lire. Je me disais il y a quelques jours que ça faisait "longtemps". Et puis plein de résonnance. De la curiosité. Un rappel nécessaire. Merci pour ton partage 😁😊