Q&A : Est-ce que c'est toujours bon de ralentir ?
Slooooow down... ou pas
Cet article est en réponse à une question que m’a posé Jenny dans les commentaires du dernier article. D’abord un grand merci à elle pour son partage et sa question. C’est un rêve que j’ai depuis longtemps : écrire une chronique de Question-Réponse. Donc : envoyez moi vos questions, en commentaires ou par mail en répondant à cette newsletter. Ça peut être des questions sur n’importe quoi où vous auriez envie d’avoir mon retour. Si je n’ai rien à répondre, je vous le dirais, sinon je ferai un article. Si vous voulez qu’elles soient postées anonymement, dites le moi et proposez moi un pseudo (ou pas, j’en choisirai un en fonction de la question)
Voici le commentaire de Jenny (j’ai enlevé quelques parties pour que ce soit plus rapide à lire)
Merci Laure pour ce partage qui m'interpelle et me pose question.
Me concernant, j'ai très sérieusement ralenti mon activité depuis fin 2018 car malgré une profession libérale choisie et passionnante, dans le domaine paramédical (donc censée avoir du sens) je ne parvenais pas à avoir une vie en dehors de mon travail et finissais par ne plus trouver aucun sens à mon travail dans lequel je me sentais de moins en moins bien. Je n'avais aucune énergie pour quoi que ce soit d'autre que mon travail. Aucune vie sociale ou amoureuse, aucune sortie et activité en dehors des formations et certifications supplémentaires que j'alignais au fil des ans, même mes vacances étaient en réalité des formations pour acquérir une nouvelle certification.
Et aujourd'hui après presque 5 ans de ralentissement, certes, je n'en suis plus au même point dans ma vie personnelle (j'ai un compagnon, une belle-fille et une fille de deux ans), mais professionnellement ce ralentissement a fini par laisser place à une paralysie quasi totale, une énorme frustration de ne pas m'épanouir professionnellement, une absence totale de motivation et de désir professionnelle bien précis.
Alors je m'interroge sur les réels bénéfices du ralentissement ? Pourtant adepte du développement personnel depuis la première heure je commence à avoir de sérieux doutes ... Ou alors serais-je passé complètement à côté du vrai message ? J'ai contemplé la nature, fait de longues marches silencieuses, habité seule perdue au milieu de la forêt, fait des retraites de yoga, je suis même devenue professeur de yoga pour finalement interrompre mon enseignement car le temps de travail de préparation des cours me semblait totalement insurmontable. Bref j'ai littéralement embrassé la voie du bien-être à travers une multitude de formations, lectures, podcasts, philosophies, modes de vie, mode de penser...pour me sentir enfin épanouie et transmettre à mon tour ce que j'avais appris ; pour au final : Me sentir complètement frustrée, en colère, m'en vouloir encore plus de ne pas y arriver, de ne pas retrouver toute mon énergie, mon dynamisme et mon désir d'aller de l'avant.
Je souhaitais partager mon expérience car de mon côté, le ralentissement s'éternise et j'ai la désagréable sensation d'être engagée dans un burn-out à durée indéterminée ...
Hello Jenny,
Ton message me rappelle une discussion que j’ai eue avec ma nièce il y a quelques temps. Elle me disait qu’elle se sentait en colère très souvent et qu’elle avait l’impression que sa colère allait exploser et qu’elle se mettrait à hurler sur tout le monde. On a creusé un peu, doucement, à quoi ressemblait cette colère, et puis un moment précis où elle apparaissait. Il se trouve qu’elle apparaissait quand une de ses copines voulait l’obliger à jouer avec elle, alors que ma nièce voulait jouer avec un autre copain.
Finalement sa colère lui parlait de ses limites et de ses vraies envies. Mais comme la colère c’est “mal” et que crier sur les autres c’est “mal”, elle avait commencé par se demander ce qui n’allait pas chez elle pour ressentir ça.
Elle a fini par cette phrase délicieuse “Mais tata, si les émotions n’ont pas de bras et pas de jambes, comment elles font pour bouger en nous et nous envoyer des messages ?”
Je remarque que je tombe aussi dans ce piège : quand je ressens quelque chose qui a le goût de la liberté, de la beauté, de la légèreté, chez moi ou chez quelqu’un d’autre, je vais avoir tendance à en faire un concept et à figer ça. Par exemple avec le ralentissement. Le ralentissement c’est top… à condition que ce soit ce qui est vrai pour toi. Sinon c’est faux et le faux ça fait toujours mal. C’est comme ça qu’on le reconnaît.
Si j’essaie de ralentir parce que “c’est bien” ou “c’est ce qu’il faut”, je vais avoir tendance à “jouer” le ralentissement plutôt qu’écouter ce qui est vrai dans le moment. Aller marcher dans la forêt calmement, ça peut aussi être une forme de fuite. Fuite de cette colère, fuite de cette frustration de ne pas bouger professionnellement, de ne pas écouter ton coeur et comment il a envie de se mettre en mouvement.
C’est ce que tu as écouté il y a quelques années, et ça t’a permis de faire de la place à une vie sociale et amoureuse que tu voulais. A ce moment là ça prenait la forme de ralentissement. Et aujourd’hui c’est peut-être autre chose qui demande à être écouté.
Il y a une phrase de Byron Katie que j’aime beaucoup “Seule ta vérité peut te libérer, pas celle des autres”.
Même pas la mienne, même pas celle du plus grand sage des sages en haut d’une montagne de méditation et de aoummm.
Ralentir or not ralentir. Ce n’est pas la bonne question. La question c’est qu’est-ce qui est vrai pour toi là maintenant ? Et est-ce que tu es prête à prendre le risque d’écouter et de mettre ça en vie ?
Et si ce n’est pas clair, est-ce que c’est possible d’accepter que c’est juste pas clair pour l’instant ? Et d’avancer même si c’est pas sûr à 100% ?
Photo : Ralph Kayden - unsplash
Bonjour Laure,
Un grand merci pour avoir pris le temps de me répondre.
La phrase qui me fait le plus de bien dans ton retour, c'est la dernière !
Accepter que c'est flou. Accepter que ce n'est pas sûr à 100%. et avancer.
Waouh c'est ce qu'on appelle une réponse profonde. Pas évident à aller creuser. Ca nécessite de savoir s'écouter et accepter les réponses qui montent